Le massacre de Sand Creek aux Etats-Unis

Publié le : 03 décembre 20206 mins de lecture

Aussi connu sous le nom de Bataille de Sand Creek ou Massacre de Chivington, le Massacre de Sand Creek a eu lieu le 29 novembre 1864 pendant la guerre sécession aux Etats-Unis, lorsque des troupes dirigées par le Colonel John Chivington de la milice du Colorado ont frappé un village à Arapaho et Cheyenne, tuant des enfants et des femmes au passage.

Des indiens, des colons et de l’or

À cette époque, la fièvre de l’or (qui a débuté à la fin des années 1850 dans les montagnes Rocheuses du Kansas) attirait de nombreux colons dans la région : une vague de migration soudaine qui a alors provoqué des affrontements entre les tribus indiennes vivant dans la région et les « envahisseurs ». Les affrontements ont abouti à la guerre du Colorado qui a eu lieu en 1864. Comme le conflit entre mineurs et indigènes mettait en danger les routes des locomotives le long des plaines de l’est du Colorado, John Evans, gouverneur du territoire, envoya le colonel Chivington à la tête d’une petite armée d’indigènes contre les Indiens. Le gouvernement exigea ensuite que les tribus se rassemblent à Fort Lyon.

Environ huit cents Arapahos apparaissent avec l’un des chefs cheyennes du sud, Chaudron Noir, pour demander la suspension des hostilités ; peu après, ils se sont déplacés à 64 km au nord, sur Sand Creek. C’est alors que les hommes de Chivington, appartenant à la troisième cavalerie du Colorado (principalement des mercenaires recrutés pour une centaine de jours dans le seul but de tuer le plus d’Indiens possible) et à la première cavalerie du Colorado, ainsi qu’une compagnie de premiers volontaires du Nouveau-Mexique, se dirigèrent également vers les camps : le 29 novembre, un véritable massacre se produit bien que les Cheyennes se montrent disposés à négocier la paix.

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Des négociations au massacre

Une délégation d’Indiens menée par Ours Maigre est envoyée en mission de reconnaissance : le chef Cheyenne est cependant tué sur le champ. Ensuite, un combat rapide est bloqué par le chef Chaudron Noir, qui oblige ses six cents guerriers à ne pas tuer les volontaires. La situation, en somme, semble favorable aux Indiens, mais leur demande de paix n’est pas prise en considération par le gouverneur Evans. En approchant des forts pour tenter de comprendre la situation, certains chefs autochtones se séparent des autres tribus, dont Chaudron Noir, qui se déplacent plutôt vers le nord. L’armée ne tiendra cependant pas compte de la distinction entre les Indiens ayant des intentions guerrières et les Indiens pacifiques. Le camp de Cheyenne, situé dans un coude en fer à cheval de la rivière, était par ailleurs dépourvu de sentinelles pendant la nuit, car les Indiens pensaient qu’ils n’avaient rien à craindre et ont donc fait confiance aux colons. Il y a environ six cents Indiens dans le village, presque tous des enfants et des femmes, car la plupart des guerriers se sont déplacés vers l’est pour chasser le bison afin de répondre aux besoins du camp.

Les premiers indices d’une éventuelle attaque arrivèrent à l’aube, quand les autochtones entendèrent le grondement des sabots dans la plaine, mais ces derniers sont confondus avec une masse de bisons. Au lever du soleil, le camp était entouré par le colonel, contrairement aux accords passés précédemment, et malgré le drapeau américain hissé dans le village où le colonel Greenwood avait assuré à Chaudron Noir qu’aucun soldat n’ouvrirait le feu tant que le drapeau n’aurait pas flotté. L’attaque a donc été commandée contre une population pratiquement impuissante, incapable de résister. Les Indiens ont commencé à sortir de leurs tentes, effrayés, en direction des chevaux. Dans la confusion, Chaudron Noir crie à son peuple de ne rien craindre et de faire confiance aux soldats. Peu de temps après, les troupes commencèrent à tirer des coups de feu au détriment des femmes et enfants qui cherchaient un abri sous le drapeau. De nombreux hommes sont alors horriblement mutilés et scalpés, des femmes violées, des enfants utilisés pour d’horribles tirs de précision. Des épisodes choquants de crimes atroces furent commis, accentuées par le fait que de nombreux soldats sont ivres. Parmi les Cheyennes, on compte au moins 150 décès, dont beaucoup d’enfants, de femmes et de personnes âgées.

La consommation excessive de whisky et l’absence totale de discipline contribuèrent aussi à rendre ces tueries bouleversantes : mais, en même temps, elles favorisent la fuite de plusieurs Indiens. En effet, de nombreux Cheyennes réussissent à creuser sous les berges des tranchées de la rivière afin de résister jusqu’à la tombée de la nuit. Dès la tombée de la nuit, les survivants émergèrent des trous, essayant de s’échapper vers l’est pour une marche de 24 km, jusqu’au premier camp de chasse, où ils retrouvèrent leurs familles (principalement des guerriers).

Un évènement qui a échappé à la justice

Après le massacre, plusieurs Indiens ont rejoint la confrérie des guerriers « Dog Soldiers », étant responsables d’un massacre contre les habitants de la vallée de Platte, avec plus de deux cents civils tués.

Les coupables du massacre de Sand Creek ne seront jamais punis, malgré l’ouverture d’une enquête en 1865 : le massacre ne sera jamais officiellement condamné, et aujourd’hui encore, une ville non loin de Sand Creek porte le nom de Chivington. Ce massacre sera cependant l’événement déclencheur des guerres indiennes, qui dureront 12 ans et qui conduiront à la mort du Lieutenant-Colonel George Armstrong Custer durant la bataille Little Bighorn.

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